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(342)
3*8 L'ORANGER
douce que cette féparatlon. Il le lui faifoit en-
tendre, lorfque par désignes réitérés, elle le
conjuroit de fuir , &c de mettre fa vie en sû-
reté; ils pleuroient enfembîe, ils fe prenoient
les mains ; chacun en fa langue fe jurcit une
foi réciproque & un amour éternel. Elle ne
put s'empêcher de lui montrer les langes qu'elle
avoit quand Tourmentine la trouva, & le
berceau dans lequel elle étoit. Le prince y re-
connut les armes & la devife du roi de l'île
heureufe. Cette vue le ravit, il marqua des
tranfports de joie .\ la princeffe, qui lui firent
juger qu'il s'inftruifoit de quelque chofe d'im-
portant par la vue de ce berceau. Elle mou-
toit d'envie d'en être informée ; mais quelque
peine qu'il y prît, comment lui faire com-
prendre de qui elle étoit fille , & la proximité
qui étoit entr'eux? Tout ce qu'elle pénétroit,
c'cft qu'elle a voit fujet d'en être bien aife.
L'heure vint de fe retirer, & l'on fe coucha
comme l'on avoit fait la nuit précédente. La
princeffe faifie des mêmes inquiétudes , fe re-
leva fans bruit, entra dans la caverne où étoit
le prince, prit doucement la couronne d'une
ogrelette , &t la mit fur la tête de fon amant ;
qui n'ofa l'arrêter, quelque défir qu'il en eût;
mais le refpect qu'il avoit pour elle, & la crainte
de lui déplaire , l'en empêchèrent.

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