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314 L' O R A N G £ R
après avoir marché une heure , il entendit
quelque bruit ; & il apperçut la caverne d'où
il fortoit une épaiffe fumée ; il fe promit d'ap-
prendre là quelques nouvelles ; il entra , & il
n'eut guère avancé, qu'il vit Ravagio, qui,
le faififîant tout-d'un-coup d'une force épou-
vantable , alloit le dévorer , û les cris qu'il
faifoit en fe débattant, n'euffent frappé les
oreilles de fa chère amante. A cette voix, elle
ne reffentit plus rien qui pût l'arrêter : elle
fortit de fon trou , elle entra dans celui où
Ravngio tenoit le pauvre prince ; elle étoit pale
& tremblante comme s'il eût voulu la manger
elle-même , elle fe jeta à genoux devant lui ,
& le conjura de garder cette char-frache pour
le jour de fes noces avec l'ogrelet , & qu'elle
lui promettoit d'en manger. A ces mots , Ra-
vagio fut fi content de penfer que la princefic
vouloit prendre fes coutumes, qu'il lâcha le
prince , & l'enferma dans le trou où les ogri-
chons couchoient.
Aimée demanda permifîion de le bien nour-
rir, afin qu'il ne maigrît point, & qu'il (it
honneur au repas : l'ogre y confentit. Elle porta
au prince tout ce qu'elle put trouver de meil-
leur. Quand il la vit entrer il en eut une joie
qui diminua fon déplaifir, mais lorfqu'elle lui
montra la blefïure de fonpié, fa douleur prit

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