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184 L E Rameau d' O r;
tomba fans connoifTance au pic d'un arbre. Ah !
vertu févère & trop farouche , pourquoi re-
doutez-vous un homme qui vous a chérie dès
fa plus tendre enfance ? Il n'efî. point capable
de vous mcconnoître , & fa paflion eu. toute
innocente. Mais la princefTe fe défîoit autant
d'elle que de lui ; elle ne pouvoit s'empêcher
de fendre juftice au mérite de ce charmant
berger , & elle favoit bien qu'il faut éviter ce
qui nous paroît trop aimable.
On n'a jamais tant pris fur foi qu'elle y prit
dans ce moment ; elle s'arrachoit à l'objet le
plus tendre & le plus chèrement aimé qu'elle
eût vu de fa vie. Elle ne put s'empêcher de
tourner plufieurs fois la tête , pour regarder
s'il la fuivoit ; elle Papperçut tomber demi-
mort. Elle l'aimoit , & elle fe refufa la confo-
lation de le fecourir. Lorfqu'elle fut dans la
plaine , elle leva pitoyablement les yeux ; &
joignant fes bras l'un fur l'autre : O vertu !
o gloire , ô grandeur ! je te facrifïe mon re-
pos , s'écria-t-elle : 6 deflin ! 6 Trafimene ! je
renonce à ma fatale beauté ; rends-moi ma lai-
deur, ou rends-moi , fans que j'en puifTe rou-
gir , l'amant que j'abandonne ! Elle s'arrêta à
ces mots, incertaine fi elle continucroit de fuir,
ou fi elle reîourneroit fur fes pas. Son cœur
vouloit qu'elle rentrât dans le bois où elle

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