J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 2

140 la Princesse
l'on file déjà la corde dont je vous ferai
pendre. Roi des paons, répondit le roi en
colère, n'allez pas fi vite dans cette affaire,
car vous pourriez vous en repentir. Je fuis
roi comme vous, j'ai un beau royaume, des
habits & des couronnes, & de bons écus; j'y
mangerois jufqu'à ma chemife : Ho, ho, que
Vous êtes plaifant de nous vouloir faire pendre,
eft-ce que nous avons volé quelque chofe ?
Quand le roi l'entendit parler fi réfolument ,
il ne favoit où il en étoit, & il avoit quel-
quefois envie de les laiffer aller avec leur
fceur , fans les faire mourir; mais fon confi-
dent, qui étoit un vrai dateur , l'encouragea;
lui difant que s'il ne fe vengeoit , tout le monde
fe nio^ueroit de lui , &: qu'on le prendroit
pour un petit roitelet de quatre deniers. Il jura
de ne leur point pardonner, & il commanda
que l'on fît leur procès. Cela ne dura guères ;
il n'y eut qu'à voir le portrait de la véritable
princefTe Rofette auprès de celle qui étoit
venue, & qui difoit l'être; de forte qu'on les
Condamna d'avoir le col coupé , comme étant
menteurs , puifqu'ils avoient promis une belle
princefTe au roi , & qu'ils ne lui avoient donné
qu'une laide payfinne.
L'on fut à la prifon en grand appareil leur*
lire cet arrêt ; 8t ils décrièrent qu'ils n'avoient
point