J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 2

Bleu; $t
verfa un torrent de larmes : le jour vint ; elle
fe cacha dans fa chambre. Cependant le roi
Charmant, ou pour mieux dire le bel Oifeau
Bleu, ne ceflbit point de voltiger autour du
palais : il jugeoit que fa chère princefte y étoit
renfermée , &: fi elle faifoit de trifles plaintes ,
les fiennes ne l'étoient pas moins : il s'approchoit
des fenêtres le plus qu'il pouvoit , pour regar-
der dans les chambres ; mais la crainte que Trui-
tonne ne l'apperçût , & ne fe doutât que c'é-
toit lui, l'empêchoit de faire ce qu'il auroit
voulu. Il y va de ma vie , difoit-il en lui-même ;
fi ces mauvaifes princefTes découvroient où je
fuis , elles voudraient fe venger ; il faudroit que
je m'éloignafle , ou que je fufTe expofé aux der-
niers dangers. Ces raifons l'obligèrent à garder
de grandes mefures , & d'ordinaire il ne chan-
toit que la nuit.
Il y avoit vis-à-vis de la fenêtre oii Florine
fe mettoit , un cyprès d'une hauteur prodi-
gieufe , l'Oifeau Bleu vint s'y percher. Il y fut
à peine , qu'il entendit une perfonne qui fe plai-
gnoit : foufFrirai-je encore long-tems , difoit-
elle ? La mort ne viendra-t-elle point à mon
fecours? Ceux qui la craignent, ne la voient
que trop tôt ; je la défire , & la cruelle me fuit.
Ah! barbare reine , que t'ai-je fait , pour me
retenir dans une captivité fi affreufe ? N'as-tu
Tome IL F