Skip to main content

‹‹‹ prev (539)

(541) next ›››

(540)
520 Les Voyageuses.
culièrement , qui de fon côté fe faifoit distin-
guer de tous les autres , & qu2 la fée embar-
raffoit quand elle lui difoit le mot de traveftif-
fement ; celui-là, Zimzjme l'écoutoit avec
.plaifir ; elle trouvoit la vie paftorale très-
agréable , tandis que fes fœurs ne cefîbient de
répéter ;;e Val en horreur , elle rnejl odieufe. Enfin
il fallut encore les emmener.
Ce fut dans leur demeure ordinaire que la
fée les tranfporta. C'efr une fotte chofe que les
voyages , dit l'aînée. Ony périt d'ennui, ajouta
la féconde. Dites plutôt , répondit la fée , que
nous n'aimons que les lieux oii nous plaifons ,
& que les gens qui paroiffent charmés de nous
voir. Vous l'éprouvez. Ne fonger qu'à ce qui
nous flatte , fans s'occuper jamais de ce qui
flatte les autres , efi un moyen fur de s'ennuyer
bientôt par-tout, & de tout le monde. Je n'aime
point à donner des leçons dures ; j'ai efpéré de
vous corriger de vos défauts , en vous faifant
efîuyer les inconvéniens qu'ils entraînent ; je
vois que le mal eft fans remède. Voici , dit-elle
à l'aînée , l'état qui vous convient. A ces mots
elle la laifTa au milieu d'un palais qui venoit de
s'élever, dont toutes les murailles lui repréfen-
toient fon image. Elleavoit le plaifir de s'y voir
fans ceffe , mais elle s'y vit vieillir de bonne
heure ; elle eut des rides , & ne put s'empêcher

Images and transcriptions on this page, including medium image downloads, may be used under the Creative Commons Attribution 4.0 International Licence unless otherwise stated. Creative Commons Attribution 4.0 International Licence