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Les Voyagewses. 515
fur "un même trône , furent toutes trois recoiv
nues fouveraines.
L'ainée , on ne l'auroit pas cru , trouva le
moyen d'augmenter de fierté & de bonne opi-
nion de fon mérite. Le lendemain de fon cou-
ronnement elle emprunta la baguette de fa
tante , pour un coup d'état , difoit-elle , & l'on
ne devineroit pas quel ufage elle en vouloit
faire. Il y avoit proche de fa capitale une vafte
plaine ; elle s'y promena d'un foleil à l'autre ;
& pour donner à fesfu jets le plaifir de l'admirer,
elle les tranfporta tout- à-coup dans cette plaine.
Cet enlèvement penfa les faire mourir tous de
frayeur. L'un occupé dans fon cabinet, fe
fentoit emporté par fa fenêtre , fans favoir à
quoi attribuer cette merveille. L'autre , au mo-
ment de prononcer le ferment qui l'alloit unir
à fa maîtreffe , quittoit malgré lui fa main , &
s'échappoit avec rapidité du temple , au grand
étonnement de l'époufe & de l'afferablée. Celui-
ci , dont la fanté étoit languiffante , tranfporté
dans fon fauteuil , fe trouvoit dans les nues. On
voyoit voler les bataillons tout armés , & les
perfonnages les plus graves traverfer les airs,
en habits de cérémonie. Enfin cet événement
caufa un trouble , un défordre général dru?*
toute la nation ; & chaque jour de fon règne
amena quelqu'autre folie dont fa beauté étoit la
caufe. Kk ij

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