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(525)
Les Voyageuses. 50c
cju'on rencontroit alors affez communément
dans le monde. Quand on regardoit f'es traits
en détail , il n'y en avoit pas un feul qui ne
déplût ; à les voir enfemble , c'étoit de moment
en moment une phyfionomie nouvelle toujours
fingulière , toujours agréable : on jngeoit que
cette variété venoit de beaucoup d'imagination,
& que cette imagination de voit être charmante ;
elle l'étoit aufïï. La gaieté, la douceur , la (ï.iefle,
& fur tout cela , ce naturel qui ne prétend à
rien , & qui fait tout valoir , voilà à la fois fon
efprit & fon vifage ; car , comme je l'ai dit , l'un
étoit toujours l'ame de l'autre. Ajoutez qu'elle
avoit les plus belles dents du monde , & que le
refte de fa figure étoit fort bien , voilà toute la
perfonne. J'oubliois ce qui peut fervir le mieux
à faire connoître (on caractère ; elle favoit
qu'elle étoit laide , & ne fè doutoit pas qu'elle
eût de quoi le faire oublier.
Leur tante , qui n'avoit employé fon art qu'à
fe perfectionner la raifon , qu'elle regardoit
comme le premier de tous les dons , auroit bien
voulu pouvoir en faire part à fes nièces. Elle
quittoit fouvent le pays des fées , pour venir
vivre avec elles. Il eft tems que vous choififfîez
un état , leur dit-elle un jour. Si vous étiez mes
filles , vous feriez fées comme moi ; mais à mes
nièces, je ne puis donner de ma féerie , que

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