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39* C A D I C H O N.
jours juite : il favoit par cœur les quatrains de
Pibrac , & aimoit à les réciter. Cette petite
fortune ne le rendit pas plus vain ; car il conti-
nua de faire valoir les fermes comme aupara-
vant : ce qui lui gagna tellement la confiance
de fon gendre , que fa majefté ne pouvoit plus
fe parler de lui.
Tous les matins Caboche alloit chez le roi
ave-c qui il déjeûnoit ; enfuite on parloit d'af-
faire ; mais le plus Couvent ce miniflre lui di-
foit : « Sire , avec votre permiffion , vous n'y
» entendez rien , laiffez-moi faire , & tout ira
» bien ; il faut 'que chacun fe mêle de fon mé-
33 métier , dit M. Pibrac : mais , répondoit le
» roi , que ferai-je donc moi ? Ce que vous
» voudrez , répliquoit Caboche, vous gouver-
» nerez votre femme & votre potager. Voilà
» tout ce qu'il vous faut : je crois , en effet ,
» que tu as raifon , difoit le roi ; ainfi fais ce
» que tu voudras ». Cependant pour ne rien
perdre du côté de la réputation , il fe paroit les
jours de fête d'un manteau royal de toile rouge,
imprimée de fleurs d'or , d'une toque de pareille
étoffe , & d'un fceptre de bois doré qu'il avoit
acheté d'un vieux comédien de campagne qui
avoit quitté la profefTion. Après fon confeil , il
fe faifoit apporter l'almanach de Liège & celui
de Milan , qu'on lui envoyoit de Troyes tous

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