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354 Comtes
clave. Il connoiffoit la fauffeté des amis ; on le
coniîdéroit dans fon état ; & il ne travaillent
qu'autant qu'il étoit néceffaire pour fa fubfif-
tance ; point de femmes , point d'enfans , &
fobre. Il étoit le plus heureux des mufulmans.
En revenant, au milieu de la nuit, d'une
maïfon de campagne où il avoit porté un ballot,
il entendit en fuivant les bords du tigre , la voix
d'une femme qui pouvoit être au milieu du
fleuve ; elle difoit : Au nom de Dieu , fecourez-
moi. Le fon de cette voix «toit fi touchant , que
Dgerberi ne balança pointa jetter promptement
fes habits. Il fe mit à la nage, & fut affez heu-
reux pour fecourir cette infortunée au moment
qu'elle fe débattoit fur l'eau , & que (es forces
étoient prêtes de l'abandonner : Il la porta à
terre , malgré la rapidité du fleuve. Et quand
elle fut un peu remife de fa frayeur , elle le pria
de l'accompagner jufqu'à fa maii'on qu'elle lui
indiqua. Dgerberi y confentit. Il entendit en
arrivant à fa porte des enfans qui pleuroierit ,
& qui demandoient leur mère. Ils entrèrent
dans la maifon; la femme qu'il venoit de fauver
parut à Dgerberi d'une beauté raviffante ; elle le
fit aiTeoir, fit allumer du feu pour fécher {es
habits , & lui conta fon hiftoire , qu'elle inter-
rompit mille fois , pour lui témoigner l'excès de
fa réconnoilTance.

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