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lÂ.^ Les Aventures
n'avois fait diftribuer im peu d'argent aux gen»
de juftice , par le miniftère d'une bonne amie qui
avoit de la beauté. La décifton fut fufpeniue
pendant trois mois entiers , en partie par ce
moyen^là , & en partie aufli parce que deux de
mes juges , fenfibles aux agrcmens qu'ils croyoient
voir en ma petfonne , ne négligèrent rien pour
me fauver , fe perfuadant que Je ne ferois pas
ingrate après un fervice (î fig lalé. A la fin néan-
moins mes perfécuteufs l'emportèrent, & je fus
condamnée à être brûlée toute vive.
Cette cruelle fentence m'ayant été prononcée,
on me conduifit au bûcher qui avoit été drefifé
dans le milieu de la plus belle place de Soucad.
Lorfque j'y fus arrivée , on ne manqua pas de
me dire tout ce qu'on dit en ce pays-là à ceux
que l'on tue en cérémonie , & on m'attacha au
poteau avec une grolTe chaîne. Le peuple m'ac-
cabloit de malédidions , comme une enchante-
refle ennemie du genre humain, &il m'accufoit
de tous les maux arrivés naturellement ou par
hafard à ceux à qui j'avois vendu de mes ou»
vragçs. U étoit ravi de voir que le bourreau , la
torche ardente en main j s'avançoit vers le bû-
cher. Mais cette populace ignorante fut fort fur-
pù!e , un moment après , de voir ce même
bourreau immobile & comtpe extafié , ne faire
aucie chofe que bien tenir fon funefte flamileau.

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