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i4i Les Aventures
■trouvai toute feule & toute nue , couchée fur u«
rocher.
Je verfai des totrens de larmes, en maudilTant
ma curiollté & mon imprudence. Le jour étant
venu , & la honte m'ayant obligée de tourner
les yeux de tous côtés , pour voir s'il i^ avoir
rien autour de là qui pût fervir à me couvrir j
j'appcrçus des habits allez près du lieuoù j'etois,
& je les allai prendre. C'étorent mes propres ha-
bits , qui avoient été expofés pendant dix mois
à toutes les injures du rems , & qui étoient
prefque confumés. Je mis fur moi ces Trilles
haillons , du mieux qu'il me fut poiTible ; & dans
la crainte que j'eus que ma faute n'eût caufé la
mort à mon père , je jugeai qu'il étoit plus à
propos de m'cloigner de mon pays en deman-
dant l'aumône , que d'aller me préi'enter à mes
fœurs en l'état où j'étois. Je nie barbouillai le
vifage, & je me mis courageufement en marche.
Après de longues fatigues , j'arrivai à un port de
mer , où un vieux Mufulman qui alloit trafiquer
à Bornéo , me prit par charité fur fon bord. Le
trajet fut heureux. Nous mouillâmes dans une
anfe de cette grande île , pour quelques befoins
dont je ne m'informai pas. Etant defcendue avec
plafieurs autres perfonnes , fatiguées de la mer ,
je me dérobai de leur compagnie fans qu'on s'en
apperçùt, n'ayant nulle envie d'accompaguet le

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