J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 11

li6o Les uille bt une Nï/tts',
elle demeura long - tems dans cet état avant
qu'elle reprît (es efprits. Elle les reprit enfin ;
& alors plutôt que de manquer à la foi qu'elle
avoit promife au prince Firouz Schali , en con-
fentant aux noces que le lultan de Kafchmir
avoit re'folues fans la confulter , elle prit le parti
de feindre que l'efprit venoit de lui tourner
dans l'évanouiffement. Dès-lors elle commença
à dire des extravagances en préfence du ful-
tan , elle fe leva même comme pour fe jeter
fur lui ; de manière que le fui tan fut fort fur-
pris & fort affligé de ce contre-tems fâcheux.
Comme il vit qu'elle ne revenoit pas en fon
bon fens ^ il la laifia avec fes femmes , aux-
quelles il recommanda de ne la pas abandonner,
& de prendre un grand foin de fa perfonne. Pen-
dant la journée , il prit celui d'envoyer fouvent
s'informer de l'état où elle fe trouvoit, & cha-
que fois oa lui rapporta , ou qu'elle étoit au
même état , ou que le mal augmentoit plutôt
que de diminuer. Le mal parut mcme plus vio-
lent fur le foir que pendant le jour , & de la
forte le fultan de Kafchmir ne fut pas cette
nuit-là auiTi heureuxqu'il fe l'étoit promis.
La princciTe de Bengale ne continua pas feu-
lement le lendemain fes difcours extravagans ,
& d'autres marques d'une grande aliénation
d'efprit, ce fut la mcme chofe les jours fui-