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Contes Arabis» ï^j
t fait faire les yeux bandés : venez , je vous
prie, avec moi, je vous banderai les yeux en
cet endroit-là , &: nous marcherons enfemble
par le même chemin & par les mêmes de'tours,
que vous pourrez vous remettre dans la mé-
moire d'avoir marché ; & comme toute peine
mérite récompenfe, voici une autre pièce d'or:
venez, faites-moi le plaifir que je vous deman-
de , & en difant ces paroles , il lui mit une autre
pièce dans la main.
Les deux pièces d'or tentèrent Baba Mouf-
tafa; il les regarda quelque tems dans fa main
fans dire un mot, en fe confultant, favoir ce
qu'il devoit faire. Il tira enfin fa bourfe de fou
fein , & en les mettant dedans : Je ne puis
vous aifurer , dit-il au voleur , que je me fou-
vienne précifément du chemin qu'on me fit
faire; mais puifque vous le voulez ainfi, allons,
je ferai ce que je pourrai pour m'en fouvenir.
Baba Mouftafa fe leva à la grande fatisfadion
du voleur ; & fans fermer fa boutique , où il
n'y avoit rien de conféquence à perdre , il
mena le voleur avec lui jufquà l'endroit oià
Morgiane lui avoit bandé les yeux. Quand ils
furent arrivés : Ceft ici, dit Baba Mouftafa,
qu'on m'a bandé , & j'étois tourné comme
vous me voyez. Le voleur qui avoit fon mou-
choir prêt ,les lui baada, & il marcha à côtç

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