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Contes Arabes. 77
G*en efl trop , dit Saadi , je veux être éclairci
dès aujourd'hui de ce qui en eft. Voilà le tems
de la promenade , ne le perdons pas , & allons
favoir lequel de nous deux aura perdu la ga-
geure.
Les deux amis partirent, & je les vis venir
de loin j j'en fus tout ému , & je fus fur le
point de quitter mon ouvrage & d'aller me
cacher , pour ne point paroître devant eux.
Attaché à mon travail , je fis femblant de ne
les avoir pas apperçus ; & je ne levai les yeux
pour les regarder , que quand ils furent fi près
de moi, & que m'ayant donné le falut de paix^
je ne pus honnêtement m'en difpenfer. Je les
baifTai aulTitôt j & en leur contant ma dernière
difgrace dans toutes fes circonftances , je leur
fis connoître pourquoi ils me trouvoient auilî
pauvre que la première fois qu'ils m'avoient vu.
Quand j'eus achevé : Vous pouvez me dire ,
ajoutai-je, que je devois cacher les cent qua-
tre-vingt-dix pièces d'or ailleurs que dans un
vafe de fon , qui devoit le même jour être
emporté de ma maifon. Mais il y avoit plu-
fieurs années que ce vafe y étoit , qu'il fer-
voit à cet ufage ; & que toutes les fois que
ma femme avoit vendu le fon , à mefure qu'il
en étoit plein , le vafe étoit toujours refté.
Pouvois-je deviner que ce jour-là m.ême , en

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