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C O N T E s A R A B E s. 6p
même indigne du bien que l'on vous fait.
Seigneur, repris-je, je fouffre tous ces re-
proches , & je fuis près d'en fouffrir encore
d'autres bien plus atroces que vous pourriez
me faire ; mais je les fouiTre avec d'autant plus
de patience , que je ne crois pas en avoir mé-
rité aucun. La chofe eft fi publique dans le
quartier, qu'il n'y a perfonne qui ne vous en
rende témoignage. Informez - vous - en vous-
même , vous trouverez que je ne vous en impofe
pas. J'avoue que je n'avois pas entendu dire que
des milans euflent enlevé des turbans ; mais la
chofe m'efl: arrivée , comme une infinité d'au-
tres qui ne font jamais arrivées , & qui cepen-.
dant arrivent tous les jours.
Saad prit mon parti , & il raconta à Saadi
tant d'autres hiftoires de milans , non moins
furprenantes , dont quelques-unes ne lui étoient
pas inconnues , qu'à la fin il tira fa bourfe de
fon fein. Il m'en compta deux cens pièces d'or
dans la main , que je mis à mefure dans mon
fein faute de bourfe. Quand Saadi eut achevé
de me compter cette fomme : Haffan, me dit-il,
]e veux bien vous faire encore préfent de ces
deux cens pièces d'or ; mais pren-ez garde de
les mettre dans un Heu fi sûr , qu'il ne vous
arrive pas de les perdre auffi malheureufement
que vous avez perdu les autres , & de faire en
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