J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 16

tContes Turcs. ii
de ces apparences de fagefTe qui font fi bien
marquées far fon vifage ? J'étois affife fur ce
fofa lorfqu'il eft entré ; j'ai fait fortir tout le
monde afin de l'obliger à me découvrir plus li-
brement la caufe de fon filence. 11 ne me l'a que
trop déclarée! Sitôt qu'il s'eft vu feul avec moi,
il s'eft aflîs à mes côtés : Ma princeffe, m'a-t-il
dit, il faut que je rompe le filence que je m'obf-
tine à garder , & dont vous êtes l'unique fujet.
Je vous adore , & le défefpoir de ne vous pou-
voir entretenir en particulier , m'a plongé dans
une mélancolie qui m'alloit confumer. Que je
fuis heureux d'avoir trouvé cette occafion de
vous parler fans témoins ! Si vous approuvez
mon amour , j'ai réfolu de faire mourir mon
père & de vous époufer. Auffi-bien fes peuples
comme moi commencent à s'ennuyer de la
longueur de fon règne. Difpenfez - moi , fei-
gneur, continua la fultane, de vous répéter mot
pour mot tout ce qu'il m'a dit. J'en frémis en-
core d'horreur. Qu'il vous fuffife d'apprendre
que vous avez donné le jour au plus méchant
prince du monde. Comme au lieu de me per-
fuader, il s'eft apperçu que fes difcours m'épou-
vantoient,, il a brufquement étendu la main fur
moi pour me faire violence. J'ai réfifté. Il a
déchiré mes habits. Il m'a frappée , & il m'au-
roit fans doute ôté la vie , afin de pouvoir fe ,