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Plus Belle queFée. 5
vola , & a peine la malheiireufe fut-elle hors
de cette fatale porte, que Nabote fe releva, la
faific d'un bras puiflant, ô: faifant un cercle avec
fa baguette , il fe forma un brouillard épais &
noir, qui s'écant auffi-tôt diilîpé, la terre s'ou-
vrit : il en fortit deux taupes avec des aîles de
feuilles derofes, qui traînoient un char d'ébeine,
6c fe mettant dedans avec Plus Belle que Fée ,
elle s'éleva en l'air , & le fendit avec une vî-
relTe incroyable , fe perdant incontinent aux yeux
des jeunes lilles , qui , par leurs pleurs ôc leurs
cris , annoncèrent bientôt dans tout le château
la perte qu'on venoit de faire.
Plus Belle que Fée ne revint de fon étonne-
ment , que pour tomber dans un plus épouvan-
table ; la rapidité avec laquelle ce char voloit en
l'air l'avoit tellement étourdie , qu'elle en avoir
prefque perdu la connoiflance : enfin , reprenant
fes efprits, elle bailTa les yeux. Qu'elle fut ef-
frayée de ne trouver au-delTous d'elle que l'é-
tendue prodigieufe de la vafte mer ! elle ht un
cri perçant, fe tourna , ôc voyant près d'elle fa
chère Nabote , elle l'embralTa tendrement , (^' la
tenoit ferrée entre fes bras , comme on a cou-
tume de faire pour fe raffurer. Mais la fée la
repoulfant rudement : retirez - vous , petite ef-
frontée, lui dit-elle, reconnoiffez en moi votre
plus mortelle ennemie j je fuis la reine des fées,
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