J. F. Campbell Collection > Cabinet des fées, ou, Collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, ornés de figures > Volume 1

DE Perrault. vij
fance. Ce fentiment fupplée à l'amour quand le cœur cfl:
bon , & que la raifon eft formée. Mais l'hymen n'eft
qu'un malheur , & qu'une fource de repentirs , fi la ma-
gnificence qui féduit n'intérefle que la vanité. C'eft le
fort qu'éprouva la jeune indifcrète ^ & c'eft bien là le
fujct d'une moralité. Son mari , qui joignoit à la bru-
talité une forte de malice , feint d'être obligé de s'éloigner
d'elle pour quelques jours , lui laifiant l'abfolue liberté de
s'amufer , ne lui défendant que d'entrer dans un appar-
tement dont il lui laiife cependant la clef. Elle promet,
& ne tient point parole j la curiofité conduit à la défo-
béifiance. Le mari, à fon retour , convaincu de la faute
qu'elle a commife , veut lui faire fubir un châtiment af-
freux , dont elle éprouve toute l'horreur , & dont elle
n'eft fauvée que par un fecours inefpéré. Ce tableau ter-
rible fait une impreflion profonde fur des enfans , & leur
apprend à réfifter à une curiofité , à refpeder leurs enga-
gemens , & à n'en pas prendre légèrement. En même
tems , rien n'eft plus propre à développer dans un jeune
coeur le fentiment de pitié qui doit l'animer un jour eu
faveur des malheureux , s'il eft heureufement formé ,
que la fituation vraiment tragique que cette fidion leur
préfente.
Nous nous rappelions que ce fujet a été traité au théâtre :
il eft en effet très-théatral. Le tableau qu'il renferme , &
la moralité qui en réfulte , ne font pas plus étrangers aux
perfonnes formées qu'aux enfans. Nous ignorons le nom
de l'auteur, & ce qu'eft devenue la pièce.
On peut ici s'adrefTer aux parens & aux inftituteurs de
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