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SUR LA MUSIQUE.
Mais ma Dame ne quicn fe mal non ;
Por ce fi hé moi & ma gaiifon ;
Ec quant mi mal li font bel & plaifanz,
Por ce me hé & fui nies malvuillanz.
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» défefpoir me fembla raifonnable , & je
» crus mériter quelque pitié. Mais ma
» Dame ne fe plaît qu'à me voir mal-
» heureux : elle me hait pour toujours , &
» mon malheur durera autant que fa haine.
» Quand elle s'en fait un plaifir, puisje
» en vouloir la fin ! Je dois me haïr moi-
» même.
» O .' vous , loyaux amans , parlez vrai ,
v je vous prie. Lequel a plus de droit aux
» faveurs d'amour; ou de celui qui aimant
» avec franchife & de tout fon pouvoir :
» ignore l'art de maîtrifer les mouvemens
» de fon cœur, ou de celui qui, favant
» en ce même art, ne feint d'aimer qu'au-
» tant qu'il faut pour féduire. Dites amans :
» une franchife imprudente ne vaut-elle pas
» mieux qu'une fage trahifon i »
Il paraît par cette chanfon que le Châtelain n'avait pu contenir un
mouvement de jaloufie mal fondée , qui avait caufé une légère tracalTerie
entre lui & fa Dame.
As fins amanz pri qu'il dient le voir ;
Liquelx doit mieuz par droit d'amors joïr;
Ou cil qui aime de cuer, à fon pooir,
Et ne s'i fet mie très bien covrir ;
Ou cil qui prie fans cuer, por décevoir,
Et bien s'i fet garder par fon favoir.
Dites amanz , qui vaut mieuz par raifon ,
Leaus folie, ou fage trahifon.

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