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SUR LA MUSIQUE. T41
jusqu'aux règnes immortels de Louis XIV & de Louis XV; règnes uniques
dans Fhiftoire, tant par leur durée qui embrafle un intervalle de plus de
cent trente ans, que parcequ'ils ont produit plus de chefs-d'œuvre d'efprit
<jue les fiecles qui ont fuivi celui d'Augufte, n'en avaient produits à eux
tous. Il en faut cependant excepter celui de François I & de Léon X, qui
produifit Raphaël, Michel-Ange, le Tafle , l'Ariofte, Se plufieurs autres
génies qui , dans quelque tems qu'ils enflent paru , auraient toujours été
les premiers de leur fiecle.
C'eft fous ces deux règnes , qui feront à jamais la gloire de la France , que
la langue françaife eft parvenue au plus haut degré de gloire qu'elle puifle
jamais efpérer. Il eft à craindre que (on élégance & fon énergie ne diminuent
à l'avenir. Sous prétexte de l'épurer , on en a banni une foule de mots
expreflifs qui n'ont pu être remplacés par aucun équivalent, & dont l'abfence
ne peut que l'apauvrir.
CHAPITRE V.
Des Chanfons Françaife s > & des Poètes chanfoniers des douzième
& treizième Jlecles.
I l faut convenir que nous excellons dans ce genre de poéfie, & que nous
l'avons emporté fur toutes les nations du monde en chanfons bachiques ,
amoureufes ou fatyriques.
Les Gaulois avaient tant d'amour pour les vers, qu'on peut aflurer qu'ils
«n eurent aufli pour les chanfons (a).
Nous voyons dans Sidoine-Apollinaire (£), que Théodoric, roi des Gots,
aimait à entendre jouer des inftrumens , mais n'aimait pas le grand bruit
ni les chanfons. Dès ce tems-là donc, c'eft-à-dire des le cinquième fiecle,
les chanfons étaient en ufage dans les Gaules.
{a) Leurs Poé'tcs , nommés Bardes , compofaient des hymnes & des chanfons pour
conferver la mémoire de leurs guerriers qui s'étaient fignalés dans les combats, ou avaien:
péri glorieufement les armes à la main.
{b) Ep. n,l. premier-
Tome II. ^