Bannatyne Club > Correspondence diplomatique de Bertrand de Salignac de la Mothe Fénélon

— 67 —
tintendre de son bon désir envers sa fille aisnée, pour l'avoir
en mariage, et de vouloir à cest eflect luy envoyer ses ambas-
sadeurs pour la demande. A quoy toutes fois il h'avoit faict
entière responco, ainsavoit remis au Roy Catholique, et à son
frère l'archiduc Carlos, qui l'alloit trouver, de la fère, et de
résouldre en Espaigne ceste affaire, quant ilz seroient ensem-
ble. Et adjouxtoit le dict S' .Chantonnayque le dict S' . Em-
pereur n'estimoit rien moings qued' avoir donné ses deux fdz
aisnés, et encores plus expressément sa fille aisnée, au dict
Roy Catholique, pour en ordonner à son plaisir, et qu'il
tenoit comme assuré que ses dicts deux filz espouseront
les deux infantes d'Espaigne, dont ceste grande succession
seroit pour leur advenir quelque fois ; et disoit aussi que le
mariage de l'archiduc Carlos avecques la princesse de Por-
tugal se feroit pour demeurer toutz deux gouverneurs en
Espaigne 7 pendant que le Roy Catholique viendroit eu
Flandres establir ses afleres, et effectuer les autres mariages,
<^t qu'il estoit le plus à propos du monde que le Roy es-
pousât la segonde ' de l'Empereur, estant les âges bien con-
venables, affin que l'alliance et bonne intelligence de ces
trois grands princes se continuât au bien de la chrétienneté,
voulant, à mon advis, inférer que l' aisnée estoit desdyée
ailleurs. J'ay répondu que je ne sçavois quelle charge avoit
eu le S", de Monmorin devers l'Empereur, mais que si le
Roy avoit demandé la fille aisnée en mariage, l'on pouvoit
penser que ce n'avoit esté, sans qu'il y heùt quelque affec-
tion, et qu'il estoit bien mal aysé de la luy faire changer.
Environ cinq ou six jours après, l'ambassadeur de Por-
I. Anne, fille aînée de l'empereur Maximilien II, était alors promise à
don Carlos : elle a épousé Philippe II. Élisalietb, sa seconde fille, née en
i5;")4, fut en effet mariée à Charles IX le a6 novembre 1570.