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lui, & dénouant doucement Ton bandeau, elle lui
dit : ft M. William, je vais vous rendre l'ufage de
" la vue ; mais je ne faurois m'empêcher d'avoir
" quelque inquiétude ; je vous ai aimé dès mon
tc enfance, quoique aveugle ; vous m'avez aimée
<c aulîi ; mais vous allez connaître la beauté ; vous
c< allez éprouver des fentimens qui vous ont été
" inconnus jufqu'ici ; fi vous alliez ceflfer de
<r m'aimer !...fi quelque objet que vous trouverez
" plus aimable alloit m'effacer de votre cœur !....
" Ah ! non, chère amie, (répondit le jeune homme)
" fi je devois, en jouiffant de la vue, perdre les
" tendres émotions que j'ai fenties toutes les fois
" que jai entendu le fon de votre voix, fi je nede-
' c vois plus diftinguer le pas de celle que j'aime,
Cf lorfqu'elle s'approche de moi, & s'il falloit que
Cc je changeante ce plaifir, fi doux & fi fréquent,
" pour le fentiment tumultueux que j'ai éprouvé
* pendant le peu de temps que j'ai joui de la vue,
<c j'aimerois mieux pour la vie renoncer à ce fens
" nouveau : je n'ai défiré de voir que pour fentir,
" vous pofieder, vous aimer d'une autre manière :
ff arrachez-moi ces yeux, s'ils ne doivent fervirqu'à
tc vous rendre moins chère à mon cœur.". ...La
jeune fille l'embrafia tendrement, & William ne
pou voit fe lafier de la regarder. 11 l'appeloit en
la touchant, Se la prioit de parler pour fe convaincre
que c'étoit elle qu'il touchoit. Tout l'étonnoir.
Il ne pouvoit accorder les fenfations qu'il éprou voit
par la vue avec celles qu'il avoit reçus des mêmes

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